mercredi 7 novembre 2018

Réflexion sur la vocation



Réflexion sur la «  VOCATION »


       « Toute vie est une vocation » affirme le pape Paul VI dans sa lettre encyclique pour le développement des peuples. Cette déclaration est née, d’une profonde réflexion sur le sens de la vie. Nous interroger aujourd’hui sur le sens de la vocation, est une exigence existentielle pour toute personne qui veut fuir toute absurdité qui fait croire que l’on fait de sa vie tout ce qu’on veut. Peut-être est-ce vrai ! Mais, qu’en sera-t-il du résultat ? Si l’on croit à un Dieu créateur, on ne saurait admettre, qu’il ait créé  l’univers vide de sens, sans une volonté intelligente qui l’oriente à une fin particulière. Alors il est essentiel pour nous de nous interroger justement sur le sens de la vie en rapprochant les deux termes Vie  et Vocation.En traitant ce sujet nous espérons contribuer à toute réflexion sur le sens de la vie en générale et à la nôtre en particulier en tant que chrétiens. Pour ce faire notre démarche se déroulera en trois étapes ; d’abord nous expliquerons le lien intrinsèque entre vie et vocation, ensuite nous interrogerons à savoir si le monde contemporain est conscient de sa vocation enfin nous allons découvrir le rôle de l’Eglise catholique et des autres confessions dans la prise de  conscience du sens de cette vocation.
I Vie et vocation
D’emblée quand nous parlons de  vie, nous pensons au monde, à tout ce qui s’y trouve, les Hommes, les animaux, les végétaux, les êtres inanimés…Elle peut être le fait de vivre ou la façon de vivre. Penser la façon de vivre c’est aller en profondeur pour découvrir  la volonté  à laquelle nous voulons obéir. Est-ce à notre propre volonté ou à celle d’un autre ? Là nous nous trouvons devant un choix à  faire, une question de liberté, qui bien définie, bien orientée influe positivement sur notre existence, Par contre lorsque cette question est mal définie, elle crée une certaine volonté, inconsciemment liberticide de notre être. En effet bien définir sa vie dans une certaine liberté ne saurait se faire sans une référence à une volonté supérieure Créatrice, parfaitement libre, qui seule, en tant que créatrice de l’Homme et de sa liberté, en connait l’aboutissement. C’est en sens que Karl Jaspers, philosophe, penseur de l’existentialisme Chrétien  affirme : « Plus l’Homme est libre plus il est sûr de Dieu. Quand je suis libre, je suis sûr de ne pas l’être par moi-même » (Karl Jaspers, Introduction à la philosophie, Paris, Plon, 2003, p 67). Partant de là, nous comprenons que la question de la vie, est liée à celle d’une volonté parfaite et d’une liberté parfaite, qui est à l’origine de la vie, de la volonté et de la liberté de L’homme. La vie est divine, la liberté aussi. Quelle est cette volonté à laquelle je dois obéir ?
Le terme vocation, étymologiquement vient du latin « vocare », « appeler ».La vocation est un appel. L’appel est un  message auquel il faut répondre. Mais quelle peut être la nature de ce message ? Elle peut être une invitation, une interpellation, une mission. Ce troisième sens qui n’exclut pas les autres, conduira la suite de notre réflexion. En effet la vocation est une mission que doit remplir toute créature. C’est la volonté divine sur tout ce qui existe. Pourquoi Dieu a-t ‘il créé et pour quoi ? Dieu crée parce qu’il aime. L’amour est créateur. Si donc Dieu  crée par amour, il appelle toute créature à se conformer à cet amour afin de lui ressembler : C’est la mission existentielle de Dieu pour l’Homme.
C’est en ce sens que Paul VI dit que toute vie est une vocation. Rien au monde n’échappe à la volonté de Dieu. « Tout est créé par lui et pour lui ». Toutefois ceci n’est pas une volonté écrasante de la liberté de l’Homme que Dieu lui-même a créée. Dieu a créé par amour pour cette liberté et attend une réponse libre à son amour. Cela veut dire que l’homme ne se réalise vraiment qu’en remplissant cette mission d’amour. De fait il ne s’agit pas d’un amour égocentrique, car si Dieu a créé par amour c’est pour que nous ayons conscience que nous devons aimer en retour. Mais au vu  des situations déplorables que nous vivons, nous sommes en raison de nous demander si l’Homme d’aujourd’hui est conscient de sa mission ?
II Quel sens avons-nous de la vocation aujourd’hui ?
Dans la première partie nous avons montré que la vie est de Dieu, qui crée par amour, d’un amour qui ne se referme pas sur lui-même mais qui s’ouvre à l’Homme en l’invitant à prendre conscience de sa mission. Voici un point important qu’il faut savoir : la Vocation, n’est pas comme nous l’entendons aujourd’hui, une question qui ne concerne que ceux qui veulent consacrer leurs vies à Dieu dans la vie religieuse ou sacerdotale. Elle a une extension plus grande. Tous autant que nous sommes, avons une mission à accomplir vis-à-vis de Dieu. La pensée de Charles de Foucauld illustre bien nos propos : « Dieu appelle toutes les âmes  qu’il a créées à l’aimer de tout leur être ici et toujours, ce qui signifie qu’il les appelle toutes à la sainteté et à la perfection(…) Mais il ne demande pas à toutes les âmes de lui montrer leur amour par les mêmes œuvres, de grimper au ciel par la même échelle, de parvenir au bien par le même chemin. Quelle sorte d’œuvre dois-je accomplir alors ?...Dans quelle sorte de vie suis-je appelé à me sanctifier ?» (Charles de Foucauld, in L’appel de Dieu et la réponse de l’homme de L’abbé Arsène SAWADOGO de Koupéla, p 15).Il faut donc nous ajuster par rapport à cette vision. En effet le médecin, le musicien, l’homme politique, etc. autant que le clerc ont une même vocation, quand bien même les chemins divergent. Nul ne saurait prétendre échapper à cette volonté. S’il en est ainsi, qu’est ce qui pourrait mieux actualiser cet amour que le service et le don de soi ?
     Outre le fait de savoir que la question de la vocation ne concerne pas qu’un cercle de personnes données, notre monde devrait davantage prendre conscience que Dieu appelle non seulement   pour notre propre bien mais aussi et surtout pour le bien de l’autre. « Aucune vocation n’est une question privée » affirmait le pape Benoit XVI le 11 septembre 2012 à des époux et à des prêtres italiens.Or nous avons remarqué que l’homme tend à vouloir jouir de sa position au détriment de l’autre. L’appel de Dieu est un appel à l’amour, qui selon Saint Jean «  consiste à garder ses commandements »1Jn 5,3 et rappelons-nous le commandement de Jésus « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Lui le maître n’a-t-il pas pris la serviette pour laver le pied de ses disciples ?  Nous sommes appelés à servir avec amour. Mais aujourd’hui qui pourrait le faire ? Au lieu de laver le pied d’autrui nous le piétinons, au lieu de le  soigner, nous le blessons par notre méchanceté, notre égoïsme, sans que personne n’ose même lever la voie pour ramener sur le droit chemin, chemin sur lequel Dieu nous appelle. Notre intelligence ne s’émousse-t-elle pas de jours en jours quant au sens de notre vie sur terre? Mais il plut au Christ de nous laisser son Eglise. Quel rôle joue l’église dans une prise de conscience du sens de la vocation ?


                                III La mission à l’amour : une injonction universelle

     Un nouveau besoin de sens est largement ressenti et vécu dans la société contemporaine : « l’homme voudra toujours connaître ne serait-ce que confusément, la signification de sa vie, de ses activités et de sa mort » nous dit la doctrine sociale de l’Eglise au N* 575. De fait l’Eglise est consciente de son rôle dans la prise de conscience du sens de notre vocation. Le concile Vatican II a indiqué que la mission de l’Eglise dans le monde contemporain consiste à aider chaque être humain à découvrir en Dieu le sens ultime de son existence. C’est une mission d’amour, c’est un service à tous les Hommes. En effet le premier service de l’Eglise dans ce monde est de faire prendre conscience que la vie dans l’au-delà se prépare sur terre. Devant un tel enjeu, elle considère que la vocation à l’amour est une urgence. Elle a été mandatée par le Christ pour poursuivre sa mission d’amour, en proclamant l’évangile et en le pratiquant. L’église c’est le Christ, c’est les apôtres, les prophètes, les prêtres, les laïcs. Cette urgence n’incombe donc pas à ceux que nous appelons «  dignitaires de l’Eglise », mais à tout Chrétien qui par le baptême s’est fait fils de Dieu. Et puisque nous sommes fils d’un même père, nous avons la mission de servir nos frères. C’est une mission de solidarité. Mais l’appel à l’amour est-il seulement adresser qu’aux chrétiens ?
Quand le Christ invitait son entourage à aimer, il ne s’adressait pas qu’à ses seuls auditeurs en ce moment-là. A travers eux il le proclamait à tout le genre humain. Il faisait la déclaration d’un principe universel et éternel. En effet au-delà du fait que nous appartenons à une confession religieuse, l’appel à l’amour nous est tous adressé, car dans l’amour on trouve Dieu. Saint Jean ne dit-il pas que celui qui aime est né de Dieu ? Ne nous cachons pas derrière une religion pour nous dérober à cette injonction divine, ce ne serait que mensonge à la vérité de notre être. Il est donc important pour nous de transcender ces diversités religieuses qui ne font que diviser, pour aller à la conquête d’un monde saisi entièrement par l’amour. La vocation à l’amour est une vocation universelle et permanente.

En somme, au cours de notre réflexion nous avons montré d’abord que toute vie est une vocation en faisant le lien entre Vie et Vocation, ensuite nous avons fait constater qu’il y a de nos jours une fuite de notre mission, enfin que nous avons tous à prendre conscience de cette mission à aimer au-delà de nos divergences religieuses. Nous retenons que la vocation est un appel à l’amour que nul ne saurait échapper. C’est une injonction universelle et permanente. En cette fête de Tous les Saints, puissions-nous prendre conscience de notre mission d’amour et œuvrer pour un monde meilleur.




                                   Fait le 29 octobre 2018 à Kossoghin, par un séminariste.


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