samedi 15 décembre 2018

HISTOIRE DE VOCATION

I. LA VIE FAMILIALE
             Né à Koumsagha /SAPONE en 1993, je suis ILBOUDO Issaka Ezékiel, grand séminariste de l’Archidiocèse de OUAGADOUGOU. Je suis le deuxième d’une famille de six enfants dont cinq garçons et une fille. Après le décès de mon père Faongo Rasmané en 1999, ma mère Talato KABRE  qui avait ses quatre premiers enfants, est devenue, selon la tradition, la femme de mon oncle Jean Paul Koudougou qui lui aussi, avait une femme et trois enfants. C’est avec lui que ma mère aura ses deux derniers garçons. Dans ce foyer, ma mère devrait vivre avec d’autres femmes (sa coépouse et la femme de notre grand-père qui était aussi jeune que nos mamans). Vous convenez donc avec moi que la vie ne pouvait plus aller de soi dans une telle famille d’autant plus que ma maman était déjà habituée à la monogamie.
              Effectivement, après un an de vie pacifique, la quiétude de la famille sera bouleversée. Les conflits étaient devenus fréquents (presque tous les trois jours) et c’était pour la plupart entre papa (l’oncle) et maman. Je me rappelle une fois, quand le cinquième fils de ma maman avait un an, une bagarre que je n’ai jamais vue s’est déclenchée entre ces deux personnes. Elle a été tellement grave que ma maman a tenté de se suicider par pendaison et d’éliminer son bébé. Ce qui a échoué. Retenons seulement que ces conflits ont beaucoup et négativement influencé la vie du petit Issaka Ezékiel que j’étais.

                                                    II. CURSUS SCOLAIRE
            J’ai été inscrit à l’école primaire de Koumsagha, avec trois de mes cousins. Après un échec au certificat d’étude primaire(CEP) en 2006, mes cousins ont décidé d’abandonner l’école. Pour ma part, j’ai repris la classe et j’ai été admis en 2007 non seulement au CEP mais aussi à l’entrée en 6ème. Ensuite, je suis allé au lycée départemental de Saponé. Faute de moyens financiers, à partir de 2009, je me rendais à Ouagadougou pendant les vacances, pour chercher mes frais scolaires et j’étais soutenu par un cousin(Amado). Mais avant tout, cette initiative est née lorsque je reprenais la classe de 5ème.  Cette question d’argent étant résolue, j’ai été admis au BEPC en 2012 et au BAC D en 2015. C’est ainsi que j’ai demandé à rentrer au grand séminaire et ma demande a été agréée par son Eminence le cardinal Philipe OUEDRAOGO. Dans l’année académique 2015-2016, j’ai été au Séminaire propédeutique Saint Irénée(Koupéla). Depuis le 19 septembre 2016, je suis au Grand séminaire Saint Pierre et Saint Paul de Kossoghin. Actuellement je suis en classe de 3ème année de philosophie.

                                                           III. VIE RELIGIEUSE

                                           1-  CONVERSION
            Je suis musulman de naissance car mes parents l’étaient. Après le décès de mon papa, nous étions toujours  musulmans bien qu’étant dans une famille attachée à la religion traditionnelle.
            Je suis devenu chrétien car une fois, j’ai été impressionné de la beauté des enfants nouvellement baptisés dans leurs tenues blanches le jour de Pentecôte et aussi par leur mouvement d’ensemble (surtout  à l’action de grâce). Je me voyais heureux d’être un jour, parmi ces enfants qui m’impressionnaient tant. Ce jour-là, j’avais accompagné mes cousins qui faisaient  partie des élus du jour. J’ai donc décidé de m’inscrire  à la catéchèse en 2006 et je fus baptisé en juin 2009.
 Après mon baptême, je suis retourné à la religion musulmane car je l’avais quitté pour un but bien précis et je venais de l’atteindre. C’est seulement une année après que je suis revenu « pleinement » dans la religion chrétienne catholique suite à un évènement qui m’a beaucoup marqué.
 C’était en classe de 5ème au 2ème trimestre au sujet d’un devoir d’Histoire-Géographie. Ce devoir avait été programmé sans que je ne sache jusqu’à la matinée du jour J, alors que le devoir était prévu pour le soir. J’étais découragé car je ne connaissais pas mes leçons. Comme d’habitude, je devais parcourir sept kilomètres pour rentrer et revenir pour «l’assaut» dans l’après-midi. Une fois à la maison, dans ma chambre, je tournais tout inquiet. C’est ainsi que j’ai aperçu mon chapelet que j’avais accroché depuis le jour de mon baptême sans jamais plus le toucher. Aussitôt je bondis sur lui, le décrochai et dis : « voilà!!! Aujourd’hui, je saurai qui tu es réellement (Dieu ou pas). Nous avons un devoir, mais franchement, je ne connais pas mes leçons. Alors si tu m’aides à m’en sortir, je serai avec toi pour toujours. Dans le cas contraire, je travaillerai à ce que tu perdes le peu de monde qui te suit déjà ». Après ce mot, j’égrainai une dizaine de chapelet puis, je l’empochai. En chemin, j’étais fier car pour moi, c’était l’occasion de découvrir la vraie identité de celui qui est appelé Dieu : sa grandeur, sa puissance, son omniscience,…
 Arrivé au lycée, le devoir était déjà au tableau. Une fois le coup d’envoi donné, mes camarades se mirent au travail alors que moi, j’étais là à croquer mon stylo. Pour feindre mon ignorance, j’entrepris de faire pendant longtemps la présentation de ma copie. Après cela, j’étais une seconde fois plongé dans un profond désespoir car aucune réponse ne m’apparaissait à l’esprit. Malgré ce désespoir et pour ne pas rester sans rien faire, j’ai écrit le numéro de la première question d’histoire. Puis, redressant la tête, le stylo toujours à la bouche, un semblant de réponse me vint en tête et je l’écrivis. J’ai ensuite eu la certitude qu’elle était la bonne et j’ai dit à Dieu: « cette réponse ne vient pas de toi mais de moi. Par conséquent, rattrape-toi dans les neuf autres questions ». La même chose s’est reproduite avec la 2nde et la 3ème question. C’est donc à la 3ème question que mes yeux se sont ouverts et j’ai aussitôt compris le système du Bon Dieu. En fait, il suffisait seulement que j’écrive le numéro de la question pour que sa réponse me vienne à l’esprit. Ainsi, suite à cette compréhension, j’ai traité tout le reste de mon devoir sans plus jamais souffrir. Sans trop de commentaire, je fini en disant que  j’ai été le seul à avoir 20/20 à ce devoir. Cette note fut gardée pour la moyenne du trimestre en Histoire-Géographie et pour la première fois j’ai eu une bonne moyenne(14,15) et j’ai été classé 8ème (depuis le CP1 jusque-là, il m’est arrivé une fois d’avoir la chance d’être parmi les 30premiers). Etant impressionné par ce que Dieu venait de faire pour moi je dis : « Mon Seigneur et mon Dieu ! Désormais, je suis avec Toi pour toujours. »

                                                        2- VOCATION
             Après ce fait, je me suis engagé à accomplir ma promesse. Et pour commencer, je participais à l’Eucharistie  chaque dimanche et je priais seul. J’avais aussi pris la résolution d’éradiquer de ma vie toute habitude impropre comme insulte, méchanceté… En 2011, j’ai jugé bon d’impliquer les membres de la famille dans ma logique en commençant par les enfants. Ainsi, tout enfant qui refusait de prier pleurait toujours car je le frappais. D’où l’obligation  de participer aux séances de prières.
 En 2012, à la fin du mois de Rosaire, j’ai émis l’idée de prier quotidiennement avec tout le village. La proposition fut bien accueillie. Alors j’ai payé la Bible en mooré et un calendrier liturgique. Je lisais les lectures de la liturgie du jour et je rapportais comme je le pouvais les homélies des prêtres. Ce qui m’a d’ailleurs poussé à participer  aux messes quotidiennes.
  Pour ma propre sanctification, je me suis inscrit dans le groupe des enfants de chœur car pour moi, ils étaient « les plus saints » après le prêtre. Dans mon service de tous les jours, j’admirais les prêtres dans leurs gestes, leurs manières de faire. Alors je voulais être comme eux. Mais je vis toute de suite une difficulté qui s’imposait à moi ; les prêtres ne se marient pas, alors que moi, je projetais me marier. Je pensais être un catéchiste mais cela ne m’inspirais pas trop. C’est dans cette impasse que Dieu va voler à mon secours. C’était à propos d’une fille avec qui je projetais me marier. Mes amis m’avaient fait savoir qu’elle n’était pas fidèle et moi je n’y croyais pas ; elle aussi le niait jusqu’à ce que je le découvre moi-même. J’étais complètement déçu. C’est alors qu’une idée m’est venue en tête : un seul est fidèle envers lui-même et envers les autres, en lui je peux mettre ma confiance sans penser à une trahison. Même si je le trahis, lui au moins restera fidèle : c’est Jésus. Alors je dis : « Jésus Christ, prends ma vie et aide moi à te servir pour toujours ». C’est ainsi qu’en 2013 j’ai intégré le groupe de vocation.

                                                        IV. Difficultés
                    Mes difficultés majeures ont été celles de l’enfance. En effet, après le décès de mon papa, ma maman souffrait beaucoup avec les conflits sans limite. J’avais pitié d’elle et je ne comprenais pas pourquoi le Bon Dieu avait créé les hommes, certains pour vivre heureux et d’autres pour pleurer et rester sans défenseur. Dans mes projets, je comptais travailler pour la sauver de cette situation. Malheureusement je l’ai perdue, elle qui m’était si chère, le lundi 18 Octobre 2009. Cela fut une très grande épreuve pour moi. Je me posais beaucoup de questions sur notre avenir, mes frères et moi. J’avais davantage mal quand je pensais aux propos de maman quand elle s’énervait contre nous : « Ne travaillez pas ! Si je meurs vous allez passer de maison en maison pour demander à manger et beaucoup vous indexeront en disant ‘’ les voici, les petits orphelins !!! ‘’ ». Devant cette situation j’avais pris la résolution de ne plus partir à l’école. C’est quand je voulais déchirer mes cahiers qu’une voie m’a interpellé me disant « ne  déchire pas les cahiers ! Vas et prie afin que Dieu accueille ta mère dans sa demeure éternelle et qu’il vous bénisse, toi et tes frères». Aussitôt mon cœur a battu, mon corps a frémi puis j’ai ressenti une paix profonde. J’étais dans une grande joie. Cela m’a redonné courage et j’ai pu retrouver le chemin de l’école après cet orage.
Je termine mes propos en disant que la vie est faite de haut et de bas. Il y a toujours eu des difficultés mais qui sont surmontées par la grâce de Dieu. La relecture de ce passé me donne de la joie. J’y vois les merveilles que le Seigneur a accompli pour moi et combien j’ai du prix à ses yeux. En effet, à l’exception d’une seule vieille, toute la famille est actuellement chrétienne. Je trouve enfin ma joie dans l’accomplissement de mes engagements et dans le respect de mes principes.
Une fois de plus, je rends grâce à Dieu pour la vie de mes parents et pour cette vie qu’il m’a accordée. Mon merci va à l’endroit du service Blog qui a bien voulu que je partage cette vie avec mes frères et sœurs. A vous tous, tout en vous remerciant je demande de prier afin que Dieu achève en moi  ce qu’il a si bien commencé. Encore merci !



                                                                                               ILBOUDO Issaka Ezékiel.
    





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