REFLEXION SUR LA VOCATION
Thème : La vocation au sacerdoce
L’existence humaine a besoin d’un
sens pour être digne et méritée d’être vécue. Chaque homme et chaque société
s’efforcent de le trouver. Cette recherche aboutit à une multitude de sens qui
justifient la vie. Les multiples croyances, les différentes religions et les
diverses théories de l’existence constituent des réponses à la question cruciale
du sens de la vie. Le présent thème de notre travail se révèle comme donnant
signification à la vie dans la religion chrétienne : « la vocation au sacerdoce ». Pour la
religion chrétienne, Dieu est la source et le sens de la vie humaine et toute
vie retourne à Lui. Pour le chrétien, répondre à telle ou à telle vocation est
une manière sensée déjà de vivre son existence terrestre en attente de la vie
éternelle, vie en Dieu. Nous nous intéresserons ici surtout à la vocation
sacerdotale et le sacerdoce, résultat de cette vocation spécifique. Une
tentative d’étude notionnelle nous permettra de déboucher sur la relation entre
la vocation au sacerdoce et le prêtre qui est, plus ou moins en fonction des
périodes, celui qui mûrit ladite vocation.
I-Elucidation
conceptuelle
A- La vocation
Le mot « vocation » dérive
étymologiquement du latin « vocatio », lui-même provenant de
« vocare » qui signifie « appeler ».
Revêtant initialement un sens essentiellement religieux, ce terme va au fil du temps s’étendre à d’autres acceptions que nommerons
ici le sens profane. On pourrait donc
parler de sens spécifique qui coïncide avec le sens religieux ou biblique et de
sens plus large qui est le sens profane. Mais qu’entendons-nous par sens
spécifique et par sens plus large ?
La vocation dans sa signification religieuse s’enracine dans la Bible
d’où le sens biblique. Comme son nom l’indique, la vocation est un appel qui
est strictement lié à l’écoute. C’est ainsi qu’elle fait intervenir deux
protagonistes coopérant. Nous voulons signifier par-là Dieu, source de l’appel
et l’homme, à qui l’appel est adressé. La vocation est un appel divin adressé à
tout homme, le croyant en l’occurrence. Ce dernier est appelé à vivre une expérience spirituelle au bout de laquelle
il peut ou non se conformer à cet appel qui est fondamentalement liberté et non
contrainte ni imposition. Dans l’Eglise Catholique on note une multitude de vocations.
On peut citer entre autres, la vocation au mariage, au sacerdoce, à la vie
religieuse…, qui en réalité reviennent toutes à une seule et même
vocation : la vocation à la Sainteté.
La vocation dans son sens profane est
le fruit d’une évolution conceptuelle survenue avec le temps. Le concept a ici
pris un sens plus large ; c’est dans ce sens nous avons les expressions
telles vocations professionnelle et
fonctionnelle. La première est cette inclination pour telle ou telle
activité professionnelle. L’homme peut avoir dès la tendre enfance un sentiment
favorable pour telle ou telle profession. Cette aspiration, parfois, influence et
détermine toute sa vie. On peut dans ce cas parler d’une vocation à caractère
professionnel. L’exercice de ladite profession et les services annexes rendus
seront le chemin par lequel l’individu s’épanouie dans la société. Certaines
professions dans certains domaines comme la santé, l’éducation, etc., demandent
et exigent même, pour être bien rendues, de l’amour, voire de la passion. La vocation fonctionnelle quant à
elle est surtout appliquée aux choses. La vocation est, dans ce contexte,
« ce qui de nature est destiné
à ». C’est dans ce sens que pour le dictionnaire Larousse la vocation est une « destination privilégiée ou
naturelle, du fait de sa nature, de ses caractéristiques ». On pourrait parler
par exemple de région à vocation touristique. La conception plus large du mot
vocation est dépouillée de tout ce qui est sacré, divin, religieux qu’elle soit
professionnelle ou fonctionnelle. La personne ou la chose concernée est la
source et la destination de la vocation.
B- Le sacerdoce
La notion de sacerdoce,
étymologiquement vient du latin « sacerdotum » qui dérive de la
racine « sacer » qui signifie sacré.
Le sacerdoce peut être considéré comme le but d’une vocation particulière.
Dans cette logique il revêt lui aussi deux sens à savoir le sens religieux et le sens profane.
Le sens religieux ou chrétien est le
premier et on y décèle deux types : le sacerdoce commun et le sacerdoce
ministériel. Le Concile Vatican II, dans Lumen
Gentium 10, parle de « sacerdoce commun des fidèles et du sacerdoce
ministériel ». Le premier est celui que nous confère notre Baptême, qui
fait de nous un peuple de prêtres, de prophètes et de rois. Il est ainsi exercé
par tout baptisé qui, par ce fait, prend sa place dans l’Eglise, le corps du
Christ. Le second est exercé spécifiquement par les prêtres. Il se déploie dans
les trois tâches respectives : la sanctification, l’enseignement et le
gouvernement. L’exercice de ce sacerdoce confère au prêtre une certaine
dignité. Cependant les deux ne sont point contraires mais, au-delà de cette
différence, ils trouvent leur fondement unique en Christ, unique Prêtre et
éternel.
La signification profane (pro
fanum : devant ou hors du temple) fait du sacerdoce une activité
essentiellement professionnelle. Il s’agit des activités dans la société dont
l’exercice demande la vocation professionnelle évoquée plus haut. Pour le
dictionnaire Larousse, le sacerdoce
dans cette optique serait une « fonction qui représente un caractère quasi
religieux en raison du dévouement qu’elle exige ». Ce type de fonction enjoint
à qui veut l’exercer un sacrifice, un don total, un dévouement conséquent
capables de rendre compte de la déontologie de ladite profession. On peut en
guise d’illustration citer la fonction de médecin, d’éducateur.
La vocation et le sacerdoce avaient
une signification spécifique purement religieuse qui, au fil des âges en ont
pris d’autres que nous avons nommés dans le cadre de notre travail, le sens
profane. Cette analyse conceptuelle nous mène à notre thème « la vocation
au sacerdoce ». Il est évident et logique que la vocation au sacerdoce
aboutit à la prêtrise. On pourrait alors se demander ce qu’est la spécificité de
la vocation et du sacerdoce du prêtre. Quel est le statut du prêtre dans l’Ancien
Testament, dans le Nouveau Testament et dans l’Eglise aujourd’hui ?
II-La
vocation au sacerdoce et le prêtre
Tout au long de la Bible nous
rencontrons de nombreuses figures sacerdotales comme Abraham, Melkisédeq, Moïse,
Aaron, le roi en Israël, Jésus et ses disciples, ... Ces figures selon leur
époque, par leur lien à la vocation sacerdotale, diffèrent les unes des autres
au cours de l’histoire du salut. Cependant elles sont toutes unies à Jésus le
Grand Prêtre par excellence.
A- Le sacerdoce dans l’Ancien
Testament
De
l’Ancien Testament on pourrait parler du sacerdoce ancien, annonçant celui du
Christ, Prêtre éternel. Trois types de sacerdoce peuvent être relevés. D’abord celui
qui remonte au temps des Patriarches. Il a un caractère familial, héréditaire
et ainsi de Abraham à Isaac, de père à fils, le service de prêtre est transmis.
Cette forme de sacerdoce au temps de Moïse laissa la place au sacerdoce
lévitique. Ce dernier concerne toute la tribu de Lévi spécialisée pour le
service de l’autel et du sanctuaire. Dans l’exercice de cette tâche le prêtre
doit se garder de toute impureté et c’est ainsi qu’il jouera pleinement son
rôle de médiateur entre Yahvé et le peuple. A la suite de ce type de sacerdoce
vient celui exercé par les rois en Israël. Dans ce sens tout roi est en même
temps prêtre et exerce des fonctions sacerdotales. Il était considéré comme le
représentant de Yahvé, celui qui a reçu l’onction d’huile pour le service du
peuple de Dieu. Nous remarquons une caractéristique commune à ces types de
sacerdoce à savoir la quasi absence de vocation individuelle préalable. Ils
étaient simplement une dignité transmise d’une personne à une autre de la même
famille ou de la même tribu. A la limite, nous pourrions parler de vocation
communautaire. Parmi toutes ces figures, celle de Melkisédeq préfigure plus le
Christ comme le Prêtre éternel, Saint et Fils de Dieu que révèle abondamment le
Nouveau Testament.
B-
Le sacerdoce dans le Nouveau Testament
Avec
le Nouveau Testament nous assistons à l’avènement d’une nouveauté dans le sacerdoce
qui lui donne toute sa dignité et tout son sens. C’est dans ce sens qu’on
pourrait parler de sacerdoce nouveau. Nous y distinguons deux types qui,
d’ailleurs sont intimement liés : il y a la figure sacerdotale du Christ
développée surtout dans la lettre aux Hébreux ; à côté de ce type, vient
ensuite le sacerdoce vécu par les douze Apôtres ; il est présenté surtout
dans les Evangiles. Le sacerdoce de Jésus est comparé dans la lettre aux
Hébreux à celui de Melkisédeq. La figure de ce dernier parait étrange dans la
Bible. En effet il apparait comme prêtre dans la Genèse sans aucune filiation sacerdotale. Il est pourtant un
personnage important dans le Judaïsme, dans l’ancien sacerdoce. Certains
exégètes en considérant l’indépendance du sacerdoce de Melkisédeq y voient en
même temps son éternité. Et en préfiguration de ce même sacerdoce nouveau,
éternel et royal, le Ps 110, 4 dit ceci : « tu es prêtre à jamais selon
l’ordre du roi Melkisédeq ». En Jésus s’accomplit le sacerdoce idéal, lui
le Prêtre, l’Autel et la Victime. C’est ce sacerdoce qu’il a transmis à ses
Apôtres de toute éternité. On pourrait affirmer que c’est spécialement avec ces
derniers qu’apparait le caractère fondamental de la vocation au sacerdoce
nouveau du Christ. Les Evangiles tout en relatant différemment l’appel des
douze Apôtres nous enseignent un élément très important : la vocation
sacerdotale. Elle est la condition sine qua non pour un sacerdoce fructueux à
la manière du Christ. Pour illustrer cet appel nous vous renvoyons à l’Evangile
de Mathieu (Mt4, 18-22), qui relate l’appel des quatre premiers disciples. Ils
montrent de même le caractère triple de la vocation : l’appel, l’écoute et
la liberté dans la réponse. Et nous pourrions dire que les apôtres dans l’exercice
de leur sacerdoce, se sont contentés essentiellement d’imiter Jésus, leur
Maître. Ce sacerdoce reçu de Jésus est le même aujourd’hui dans l’Eglise même s’il
a connu quelques réadaptations au fil des siècles.
C-
Le sacerdoce dans l’Eglise aujourd’hui
Le
Christ a fait don de la grâce du sacerdoce à son Eglise. On distingue
aujourd’hui le sacerdoce ministériel et le sacerdoce commun. Tous deux qui
« ont entre eux une différence essentielle et non seulement de degré, sont
cependant ordonnés l’un à l’autre (…), participent de l’unique sacerdoce du
Christ » (LG10). Le sacerdoce commun est partagé par tout baptisé. Le
livre de l’Apocalypse le révèle clairement : « Tu as fait d’eux pour
notre Dieu une royauté régnant sur la terre » (Ap 5, 10). Le déploiement
de ce sacerdoce est signifié par LG10 « les fidèles, eux de par le
sacerdoce royal qui est le leur, concourent à l’offrande de l’Eucharistie et
exercent leur sacerdoce par la réception des sacrements, la prière et l’action
de grâce, le témoignage d’une vie sainte, leur renoncement et leur charité
effective ». C’est en vivant cela que tout baptisé répond à la vocation
sacerdotale commune de l’Eglise. Qu’en est-il du sacerdoce ministériel ?
Il est celui qu’exercent les prêtres couramment appelés « abbés »
ou « pères ». Il a un lien intrinsèque avec la vocation sacerdotale
qui, à ce niveau intègre davantage le triple aspect de toute vocation :
l’appel divin, l’écoute et la liberté dans la réponse. Il faut souligner en
outre que l’appel sacerdotale ne s’effectue plus comme ce qui est relaté dans
la Bible où Dieu parlait en live à ses serviteurs. L’appel se découvre et se
vit désormais dans une expérience spirituelle et personnelle. A ce propos les
pères conciliaires pour nous arracher de toute illusion affirment dans Presbyterorum
Ordinis n°10 que la vocation ne viendra pas « aux oreilles du futur prêtre
d’une manière extraordinaire. Il s’agit plutôt de la découvrir, de la discerner
à travers les signes qui, chaque jour, font connaitre la volonté de Dieu aux
chrétiens qui savent écouter (…) ». Aussi les prières des fidèles fécondent-elles les vocations.
Jésus lui-même ne nous invite-t-il pas à la prière pour de nombreuses et
saintes vocations lorsqu’il disait : « la moisson est abondante,
mais les ouvriers peu nombreux ; priez donc le Maître de la moisson
d’envoyer des ouvriers à sa moisson » ? (Mt 9, 37-38). Le temps de
cheminent dans les maisons de formation a pour but d’aider les appelés à mieux
saisir la volonté divine afin de décider librement pour le sacerdoce
ministériel aussi appelé sacrement de l’Ordre. Ce dernier s’exerce par
l’accomplissement des trois fonctions essentielles : l’enseignement, la
sanctification et le gouvernement, lesquelles sont accompagnées de la charité
sacerdotale. Ces fonctions épiscopales sont aussi conférées aux prêtres, les
collaborateurs immédiats des évêques. On distingue trois différents degrés de
sacerdoce à savoir le diaconat, le presbytérat et l’épiscopat qui en est la
plénitude. Les prêtres, même s’ils ne professent pas explicitement à la manière
des religieux et religieuses lors de leurs professions les vœux de pauvreté,
d’obéissance et de chasteté, doivent non seulement les enseigner mais aussi
s’efforcer de les vivre et ainsi être des exemples pour les communautés
chrétiennes. Il est enfin important de considérer la figure et la place
importantes de la Sainte Vierge Marie, Mère de Jésus le Grand Prêtre dans le
sacerdoce ministériel. Elle est la Reine des vocations par la qualité de son oui à Dieu et en particulier Reine du
sacerdoce en tant que modèle de perfection corrélative à l’Ordre.
Pour
finir notre propos, nous reprendrons les paroles du Pape François lors de la
journée mondiale de prière pour les vocations le 11 mai 2014 : « Une
vocation est un fruit qui mûrit dans un champ bien cultivé d’amour mutuel qui
devient service mutuel, dans le contexte d’une vie ecclésiastique authentique.
Nulle vocation ne naît d’elle-même ni ne vit par elle-même. Une vocation émane
du cœur de Dieu et s’épanouit dans le terreau fertile des fidèles, dans
l’expérience de l’amour fraternel. Jésus n’a-t-il pas dit : « A ceci tous
connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l'amour les uns pour
les autres. » (Jean 13 :35) ? Disposons donc notre cœur à être une « bonne
terre » pour écouter, accueillir et vivre la Parole et porter ainsi du fruit.
Plus nous saurons nous unir à Jésus par la prière, la Sainte Écriture,
l’Eucharistie, les Sacrements célébrés et vécus dans l’Église, par la
fraternité vécue, plus grandira en nous la joie de collaborer avec Dieu au
service du Royaume de miséricorde et de vérité, de justice et de paix. Et la
récolte sera abondante, proportionnée à la grâce qu’avec docilité nous aurons
su accueillir en nous. »
Bibliographie :
- Documents du Concile Vatican II ;
- Dictionnaire Larousse ;
- Bible de Jérusalem.
- Manuel de vocation ;
- Des prêtres, pour quelle mission ?
OUEDRAOGO Jacques, 2ème année de
Philosophie
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