mercredi 16 janvier 2019


REFLEXION SUR LA VOCATION

Thème : La vocation au sacerdoce


L’existence humaine a besoin d’un sens pour être digne et méritée d’être vécue. Chaque homme et chaque société s’efforcent de le trouver. Cette recherche aboutit à une multitude de sens qui justifient la vie. Les multiples croyances, les différentes religions et les diverses théories de l’existence constituent des réponses à la question cruciale du sens de la vie. Le présent thème de notre travail se révèle comme donnant signification à la vie dans la religion chrétienne : « la vocation au sacerdoce ». Pour la religion chrétienne, Dieu est la source et le sens de la vie humaine et toute vie retourne à Lui. Pour le chrétien, répondre à telle ou à telle vocation est une manière sensée déjà de vivre son existence terrestre en attente de la vie éternelle, vie en Dieu. Nous nous intéresserons ici surtout à la vocation sacerdotale et le sacerdoce, résultat de cette vocation spécifique. Une tentative d’étude notionnelle nous permettra de déboucher sur la relation entre la vocation au sacerdoce et le prêtre qui est, plus ou moins en fonction des périodes, celui qui mûrit ladite vocation.

I-Elucidation conceptuelle
A- La vocation
Le mot « vocation » dérive étymologiquement du latin « vocatio », lui-même provenant de « vocare » qui signifie « appeler ». Revêtant initialement un sens essentiellement religieux, ce terme va au fil du temps s’étendre à d’autres acceptions que nommerons ici le sens profane. On pourrait donc parler de sens spécifique qui coïncide avec le sens religieux ou biblique et de sens plus large qui est le sens profane. Mais qu’entendons-nous par sens spécifique et par sens plus large ?
La vocation dans sa signification religieuse s’enracine dans la Bible d’où le sens biblique. Comme son nom l’indique, la vocation est un appel qui est strictement lié à l’écoute. C’est ainsi qu’elle fait intervenir deux protagonistes coopérant. Nous voulons signifier par-là Dieu, source de l’appel et l’homme, à qui l’appel est adressé. La vocation est un appel divin adressé à tout homme, le croyant en l’occurrence. Ce dernier est appelé à vivre une expérience spirituelle au bout de laquelle il peut ou non se conformer à cet appel qui est fondamentalement liberté et non contrainte ni imposition. Dans l’Eglise Catholique on note une multitude de vocations. On peut citer entre autres, la vocation au mariage, au sacerdoce, à la vie religieuse…, qui en réalité reviennent toutes à une seule et même vocation : la vocation à la Sainteté. 
La vocation dans son sens profane est le fruit d’une évolution conceptuelle survenue avec le temps. Le concept a ici pris un sens plus large ; c’est dans ce sens nous avons les expressions telles vocations professionnelle et fonctionnelle. La première est cette inclination pour telle ou telle activité professionnelle. L’homme peut avoir dès la tendre enfance un sentiment favorable pour telle ou telle profession. Cette aspiration, parfois, influence et détermine toute sa vie. On peut dans ce cas parler d’une vocation à caractère professionnel. L’exercice de ladite profession et les services annexes rendus seront le chemin par lequel l’individu s’épanouie dans la société. Certaines professions dans certains domaines comme la santé, l’éducation, etc., demandent et exigent même, pour être bien rendues, de l’amour, voire de la passion. La vocation fonctionnelle quant à elle est surtout appliquée aux choses. La vocation est, dans ce contexte, « ce qui de nature est destiné à ». C’est dans ce sens que pour le dictionnaire Larousse la vocation est une « destination privilégiée ou naturelle, du fait de sa nature, de ses caractéristiques ». On pourrait parler par exemple de région à vocation touristique. La conception plus large du mot vocation est dépouillée de tout ce qui est sacré, divin, religieux qu’elle soit professionnelle ou fonctionnelle. La personne ou la chose concernée est la source et la destination de la vocation.

B- Le sacerdoce
La notion de sacerdoce, étymologiquement vient du latin « sacerdotum » qui dérive de la racine « sacer » qui signifie sacré. Le sacerdoce peut être considéré comme le but d’une vocation particulière. Dans cette logique il revêt lui aussi deux sens à savoir le sens religieux et le sens profane.
Le sens religieux ou chrétien est le premier et on y décèle deux types : le sacerdoce commun et le sacerdoce ministériel. Le Concile Vatican II, dans Lumen Gentium 10, parle de « sacerdoce commun des fidèles et du sacerdoce ministériel ». Le premier est celui que nous confère notre Baptême, qui fait de nous un peuple de prêtres, de prophètes et de rois. Il est ainsi exercé par tout baptisé qui, par ce fait, prend sa place dans l’Eglise, le corps du Christ. Le second est exercé spécifiquement par les prêtres. Il se déploie dans les trois tâches respectives : la sanctification, l’enseignement et le gouvernement. L’exercice de ce sacerdoce confère au prêtre une certaine dignité. Cependant les deux ne sont point contraires mais, au-delà de cette différence, ils trouvent leur fondement unique en Christ, unique Prêtre et éternel.
La signification profane (pro fanum : devant ou hors du temple) fait du sacerdoce une activité essentiellement professionnelle. Il s’agit des activités dans la société dont l’exercice demande la vocation professionnelle évoquée plus haut. Pour le dictionnaire Larousse, le sacerdoce dans cette optique serait une « fonction qui représente un caractère quasi religieux en raison du dévouement qu’elle exige ». Ce type de fonction enjoint à qui veut l’exercer un sacrifice, un don total, un dévouement conséquent capables de rendre compte de la déontologie de ladite profession. On peut en guise d’illustration citer la fonction de médecin, d’éducateur.
La vocation et le sacerdoce avaient une signification spécifique purement religieuse qui, au fil des âges en ont pris d’autres que nous avons nommés dans le cadre de notre travail, le sens profane. Cette analyse conceptuelle nous mène à notre thème « la vocation au sacerdoce ». Il est évident et logique que la vocation au sacerdoce aboutit à la prêtrise. On pourrait alors se demander ce qu’est la spécificité de la vocation et du sacerdoce du prêtre. Quel est le statut du prêtre dans l’Ancien Testament, dans le Nouveau Testament et dans l’Eglise aujourd’hui ?

II-La vocation au sacerdoce et le prêtre
Tout au long de la Bible nous rencontrons de nombreuses figures sacerdotales comme Abraham, Melkisédeq, Moïse, Aaron, le roi en Israël, Jésus et ses disciples, ... Ces figures selon leur époque, par leur lien à la vocation sacerdotale, diffèrent les unes des autres au cours de l’histoire du salut. Cependant elles sont toutes unies à Jésus le Grand Prêtre par excellence.
A- Le sacerdoce dans l’Ancien Testament
                       De l’Ancien Testament on pourrait parler du sacerdoce ancien, annonçant celui du Christ, Prêtre éternel. Trois types de sacerdoce peuvent être relevés. D’abord celui qui remonte au temps des Patriarches. Il a un caractère familial, héréditaire et ainsi de Abraham à Isaac, de père à fils, le service de prêtre est transmis. Cette forme de sacerdoce au temps de Moïse laissa la place au sacerdoce lévitique. Ce dernier concerne toute la tribu de Lévi spécialisée pour le service de l’autel et du sanctuaire. Dans l’exercice de cette tâche le prêtre doit se garder de toute impureté et c’est ainsi qu’il jouera pleinement son rôle de médiateur entre Yahvé et le peuple. A la suite de ce type de sacerdoce vient celui exercé par les rois en Israël. Dans ce sens tout roi est en même temps prêtre et exerce des fonctions sacerdotales. Il était considéré comme le représentant de Yahvé, celui qui a reçu l’onction d’huile pour le service du peuple de Dieu. Nous remarquons une caractéristique commune à ces types de sacerdoce à savoir la quasi absence de vocation individuelle préalable. Ils étaient simplement une dignité transmise d’une personne à une autre de la même famille ou de la même tribu. A la limite, nous pourrions parler de vocation communautaire. Parmi toutes ces figures, celle de Melkisédeq préfigure plus le Christ comme le Prêtre éternel, Saint et Fils de Dieu que révèle abondamment le Nouveau Testament.
B- Le sacerdoce dans le Nouveau Testament
       
                       Avec le Nouveau Testament nous assistons à l’avènement d’une nouveauté dans le sacerdoce qui lui donne toute sa dignité et tout son sens. C’est dans ce sens qu’on pourrait parler de sacerdoce nouveau. Nous y distinguons deux types qui, d’ailleurs sont intimement liés : il y a la figure sacerdotale du Christ développée surtout dans la lettre aux Hébreux ; à côté de ce type, vient ensuite le sacerdoce vécu par les douze Apôtres ; il est présenté surtout dans les Evangiles. Le sacerdoce de Jésus est comparé dans la lettre aux Hébreux à celui de Melkisédeq. La figure de ce dernier parait étrange dans la Bible. En effet il apparait comme prêtre dans la Genèse sans aucune filiation sacerdotale. Il est pourtant un personnage important dans le Judaïsme, dans l’ancien sacerdoce. Certains exégètes en considérant l’indépendance du sacerdoce de Melkisédeq y voient en même temps son éternité. Et en préfiguration de ce même sacerdoce nouveau, éternel et royal, le Ps 110, 4 dit ceci : « tu es prêtre à jamais selon l’ordre du roi Melkisédeq ». En Jésus s’accomplit le sacerdoce idéal, lui le Prêtre, l’Autel et la Victime. C’est ce sacerdoce qu’il a transmis à ses Apôtres de toute éternité. On pourrait affirmer que c’est spécialement avec ces derniers qu’apparait le caractère fondamental de la vocation au sacerdoce nouveau du Christ. Les Evangiles tout en relatant différemment l’appel des douze Apôtres nous enseignent un élément très important : la vocation sacerdotale. Elle est la condition sine qua non pour un sacerdoce fructueux à la manière du Christ. Pour illustrer cet appel nous vous renvoyons à l’Evangile de Mathieu (Mt4, 18-22), qui relate l’appel des quatre premiers disciples. Ils montrent de même le caractère triple de la vocation : l’appel, l’écoute et la liberté dans la réponse. Et nous pourrions dire que les apôtres dans l’exercice de leur sacerdoce, se sont contentés essentiellement d’imiter Jésus, leur Maître. Ce sacerdoce reçu de Jésus est le même aujourd’hui dans l’Eglise même s’il a connu quelques réadaptations au fil des siècles.
C- Le sacerdoce dans l’Eglise aujourd’hui
       
                       Le Christ a fait don de la grâce du sacerdoce à son Eglise. On distingue aujourd’hui le sacerdoce ministériel et le sacerdoce commun. Tous deux qui « ont entre eux une différence essentielle et non seulement de degré, sont cependant ordonnés l’un à l’autre (…), participent de l’unique sacerdoce du Christ » (LG10). Le sacerdoce commun est partagé par tout baptisé. Le livre de l’Apocalypse le révèle clairement : « Tu as fait d’eux pour notre Dieu une royauté régnant sur la terre » (Ap 5, 10). Le déploiement de ce sacerdoce est signifié par LG10 « les fidèles, eux de par le sacerdoce royal qui est le leur, concourent à l’offrande de l’Eucharistie et exercent leur sacerdoce par la réception des sacrements, la prière et l’action de grâce, le témoignage d’une vie sainte, leur renoncement et leur charité effective ». C’est en vivant cela que tout baptisé répond à la vocation sacerdotale commune de l’Eglise. Qu’en est-il du sacerdoce ministériel ? Il est celui qu’exercent les prêtres couramment appelés « abbés » ou « pères ». Il a un lien intrinsèque avec la vocation sacerdotale qui, à ce niveau intègre davantage le triple aspect de toute vocation : l’appel divin, l’écoute et la liberté dans la réponse. Il faut souligner en outre que l’appel sacerdotale ne s’effectue plus comme ce qui est relaté dans la Bible où Dieu parlait en live à ses serviteurs. L’appel se découvre et se vit désormais dans une expérience spirituelle et personnelle. A ce propos les pères conciliaires pour nous arracher de toute illusion affirment dans Presbyterorum Ordinis n°10 que la vocation ne viendra pas « aux oreilles du futur prêtre d’une manière extraordinaire. Il s’agit plutôt de la découvrir, de la discerner à travers les signes qui, chaque jour, font connaitre la volonté de Dieu aux chrétiens qui savent écouter (…) ». Aussi les prières des fidèles fécondent-elles les vocations. Jésus lui-même ne nous invite-t-il pas à la prière pour de nombreuses et saintes vocations lorsqu’il disait : « la moisson est abondante, mais les ouvriers peu nombreux ; priez donc le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson » ? (Mt 9, 37-38). Le temps de cheminent dans les maisons de formation a pour but d’aider les appelés à mieux saisir la volonté divine afin de décider librement pour le sacerdoce ministériel aussi appelé sacrement de l’Ordre. Ce dernier s’exerce par l’accomplissement des trois fonctions essentielles : l’enseignement, la sanctification et le gouvernement, lesquelles sont accompagnées de la charité sacerdotale. Ces fonctions épiscopales sont aussi conférées aux prêtres, les collaborateurs immédiats des évêques. On distingue trois différents degrés de sacerdoce à savoir le diaconat, le presbytérat et l’épiscopat qui en est la plénitude. Les prêtres, même s’ils ne professent pas explicitement à la manière des religieux et religieuses lors de leurs professions les vœux de pauvreté, d’obéissance et de chasteté, doivent non seulement les enseigner mais aussi s’efforcer de les vivre et ainsi être des exemples pour les communautés chrétiennes. Il est enfin important de considérer la figure et la place importantes de la Sainte Vierge Marie, Mère de Jésus le Grand Prêtre dans le sacerdoce ministériel. Elle est la Reine des vocations par la qualité de son oui à Dieu et en particulier Reine du sacerdoce en tant que modèle de perfection corrélative à l’Ordre.

                       Pour finir notre propos, nous reprendrons les paroles du Pape François lors de la journée mondiale de prière pour les vocations le 11 mai 2014 : « Une vocation est un fruit qui mûrit dans un champ bien cultivé d’amour mutuel qui devient service mutuel, dans le contexte d’une vie ecclésiastique authentique. Nulle vocation ne naît d’elle-même ni ne vit par elle-même. Une vocation émane du cœur de Dieu et s’épanouit dans le terreau fertile des fidèles, dans l’expérience de l’amour fraternel. Jésus n’a-t-il pas dit : « A ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l'amour les uns pour les autres. » (Jean 13 :35) ? Disposons donc notre cœur à être une « bonne terre » pour écouter, accueillir et vivre la Parole et porter ainsi du fruit. Plus nous saurons nous unir à Jésus par la prière, la Sainte Écriture, l’Eucharistie, les Sacrements célébrés et vécus dans l’Église, par la fraternité vécue, plus grandira en nous la joie de collaborer avec Dieu au service du Royaume de miséricorde et de vérité, de justice et de paix. Et la récolte sera abondante, proportionnée à la grâce qu’avec docilité nous aurons su accueillir en nous. »


    Bibliographie :

  •  Documents du Concile Vatican II ;
  •   Dictionnaire Larousse ;
  •   Bible de Jérusalem.
  •   Manuel de vocation ;
  •   Des prêtres, pour quelle mission ?

 OUEDRAOGO Jacques, 2ème année de Philosophie


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