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vendredi 13 novembre 2020

Abbé Bernard Frédéric COMPAORE
                

Bonjour monsieur l’abbé, pouvez-vous vous présenter à l’ensemble de nos lecteurs ?

Merci à vous je suis l’abbé Bernard Frédéric COMPAORE, prêtre diocésain du diocèse de Koudougou. J’ai été ordonné prêtre le 29/12/1984 à Kokolgo. Depuis septembre 2020 je suis nommé comme formateur au grand séminaire saint Pierre Saint Paul de Kossoghin.

 

Eu égard à votre présentation, nous constatons que vous êtes nouveau dans la cité de l’espérance. Quelles sont vos impressions après un mois passé dans cette maison ?

Oui, je suis « nouveau » dans cette belle cité de l’espérance, et je vis la réalité de l’Eglise famille, car j’ai été bien accueilli par le recteur, les formateurs, les étudiants, le personnel du grand séminaire.

J’ai fréquenté l’inter-séminaire (1974-1976) qui es aujourd’hui le grand séminaire Saint Pierre-Saint Paul où je suis revenu pour être formateur, alors je rends grâce à Dieu.

Je suis en admiration devant toute l’organisation mise en place en vue de la formation des futurs prêtres et le sérieux que chacun y met pour l’atteinte de l’objectif qui est la sainteté.

J’ai senti que le décès de l’abbé Justin SAWADOGO, formateur a affecté les uns et les autres, je saisi l’occasion pour nous présenter nos condoléances pleines d’espérance au Christ vainqueur de la mort.

 

En tant que prêtre, formateur au grand séminaire Saint Pierre-Saint Paul, pouvez-vous nous partager vos attentes vis- à- vis des futurs prêtres ?

Mes quelques attentes vis-à-vis des futurs prêtres :

-le vrai discernement de la vocation

-Le respect du règlement intérieur du séminaire

-l’accent doit être mis à la formation humaine intégrale

-la joie de vivre ensemble en frères

J’attends des étudiants que chacun vive les exigences de son baptême et sois attentif aux appels de l’Esprit Saint.

 

Quel est votre souhait pour cette année de mission ?

Je souhaite que nous mettions en pratique le thème de l’année académique : « En Jésus-Christ, source d’eau vive, soyons missionnaires »

 

Entretien réalisé par René KABORE, Philo III

mardi 5 mai 2020

Dieu et son plant, une histoire d'amour

DIEU ET SON PLANT, UNE HISTOIRE D’AMOUR

En Dieu tout est grâce ou disons, tout peut être grâce. Dieu a toujours une bonne raison pour permettre ce qu’il a permis. Et c’est là la force de ma motivation à suivre la voix que j’ai cru entendre, sans peur ni trouble au visage. C’est la petite histoire d’un jeune plant mis en terre et entretenu par le Bon Dieu. Il a connu le beau temps et des moments de grands vents et comme tout ne dépendait pas de lui, il vit toujours. Ce plant a germé et poussé dans une famille modeste chrétienne composée actuellement de huit membres. Il a reçu, à son éclosion sur les terres de la République de la Côte d’Ivoire précisément à Gamina, un village de Daloa, le prénom de Tandègma. Il y resta jusqu’à l’âge de neuf ans.

LE REFUGE EN DIEU, SIGNE PRÉCURSEUR

A l’âge de six ans, je fus inscrit à l’école primaire de Gamina, loin de mes parents que je voyais en moyenne une fois par semaine pendant l’année scolaire. Étant sous la tutelle d’une famille musulmane, je commençai à suivre leurs prières et à aller à la mosquée surtout le jour de leurs fêtes. Mais cela n’enlevait en rien mon désir d’aller à l’Eglise. La preuve est que je m’étais donné toutes les raisons pour y aller très souvent : je pourrai y rencontrer mes parents et surtout Jésus n’est pas méchant comme mon maître de classe. D’ailleurs, depuis le jour où il m’a frappé et blessé, l’Eglise était toujours un prétexte pour rater les cours. D’où l’amour pour les activités de l’église et pour la catéchèse.

UNE SOIF DE DIEU

Tout est grâce. A partir de septembre 1996, ce ne sera plus quelques kilomètres qui me séparent de mes parents, mais des milliers. Je suis arrivé au Burkina Faso et reçu, non chez les miens, mais dans la famille de mes oncles paternels, une famille où il n’y avait pas encore de baptisé. Dans un tel milieu, demeurer dans sa foi est un don de Dieu. L’habitude que j’avais d’aller à la messe essaya de poursuivre son bonhomme de chemin mais se heurta à des difficultés d’ordre pratique : les dimanches sont désormais occupés pour des activités familiales et autres au village. Mais le poids du regard de Dieu étant sur moi, au CM1, je pris la résolution de ne plus manquer les messes dominicales, et chaque fin d’année je prenais le temps d’en faire le bilan. Je n’étais pas encore baptisé ni ne faisais la catéchèse. Ce qui m’attirait à l’Eglise n’était point extérieur, même si par la suite mon grand frère me demandera de lui faire le résumé de l’évangile du jour. C’est en classe de 6ème que je m’inscrirai à la catéchèse en français et le début de l’engagement dans un mouvement, la Jeunesse Étudiante Catholique (JEC).

LE DESIR PARTAGE, LA VOIX ET LE DÉFIS

La soif de Dieu qui me brulait me mettait déjà sur le chemin de la mission. Dès la première année de catéchèse, ma relation avec Dieu change. Désormais la prière est au centre de ma vie. Et non satisfait de prier seul tout le temps, je demandai à mon petit oncle « de m’aider à prier ». Il accepta même s’il ne partait pas à l’Eglise. Dieu nous charge souvent de petites missions pour nous préparer aux grandes. Il m’a toujours donné de partager le bonheur que je découvre avec les autres sans bruit. Ayant gagné mon ‘’co-chambrier’’, il restait que je gagne successivement tous les enfants de la famille et tous les habitants de la maison et pourquoi pas les voisins, à la prière enrichie de l’écoute des lectures du jour suivies d’un commentaire. Ce n’est pas étonnant de constater les conversions vraies et solides qui ont suivi : toute la famille est devenu chrétienne. Gloire à Dieu au plus haut des cieux.

Une autre chose marquante fut cette voix que j’ai cru entendre quand je dormais à coté de la porte de la cour (pendant la chaleur nous dormions dehors pour profiter de l’air frais) : « Raphaël, Raphaël ». Le sursaut que j’ai eu me disait que ce n’était pas un rêve, surtout que la voix semble avoir repris : « Raphaël, va et évangélise ». Je poursuivis ce que je faisais comme s’il n’en était rien. Avec mon frère dont je parlais plus haut, je lus une brochure sur la vie de saint Camille de Lellis. Cette lecture m’a saisi et mis sur une nouvelle route : aider les pauvres et les malades. Tout cela s'explose quand mon grand frère Moïse m’amena au presbytère rencontrer le curé pour retirer sa demande d’entrée à saint Camille (c’était après son BAC), et la raison est que papa s’y est opposé. Comme une révolte et un défi, je dis dans mon petit cœur : moi, j’y serai. En classe de 4ème j’eus enfin le courage d’avouer mon désir à mon curé d’alors, Abbé Thomas SANOU, en lui disant que je n’étais pas encore baptisé. Pour me rassurer, il me raconta l’histoire de saint Ambroise. Je commençai alors à militer dans le groupe de vocation. Trouver même ce groupe sera similaire à mon cheminement vocationnel.

CONTRE VENT ET MARRE : PLAIRE A JESUS

La décision est prise, la demande est faite dès la classe de 1ère, les parents sont au courant, le BAC est validé, que me reste-t-il encore ? Rien ! sinon recevoir la bénédiction des parents et partir pour mon aventure vocationnelle à Ouagadougou. Mais cela n’a pas été si simple. Les parents sont divisés, papa m’envoie son oncle, mon tuteur, me dire des choses horribles : « si tu pars, tu as renié tes parents ; pour toi, tes parents sont morts ». Face à toutes ces menaces Dieu est mon assurance et ma sérénité. J’ai mesuré tous les avantages que je perdais en obéissant à l’appel que j’ai cru entendre : désormais je serai coupé de toutes aides des parents surtout de papa. Nonobstant toutes ces considérations, je rentrais en Année de Spiritualité au Juvénat saint Camille avec 10F CFA et des chaussures à peine utilisables sans oublier que j’avais à payer et la fourniture et la tenue et la scolarité de 110 000F. J’étais mu par la conviction que je rentre pauvre mais ressortirai riche de Dieu et cela me suffit. Dieu ne m’a point déçu : tout fut pris en charge par un ainé alors formateur, Père Arsène. Tout mon combat était de « plaire à Jésus » même dans les petites choses.

QUE SERA CET ENFANT ? : PARCOURS VOCATIONNEL 

Déjà à la recherche du groupe de vocation, je fus appelé à un discernement. La vocation est une découverte progressive de la volonté de Dieu, de la terre promise : « va vers le pays que je t’indiquerai ». Dans ce cheminement, seul le Seigneur est l’assurance.

Pour retrouver les vocandi le curé m’avait dit qu’ils se réunissent par moment les samedis ou les dimanches soir à la paroisse et que je verrai un groupe de jeunes. Avec cette indication et l’idée que je me faisais de ceux-ci, je rejoignis d’abord le groupe de Samuel. Lors d’une de leur rencontre ils s’entretenaient sur la vie du petit Samuel. Et sans poser de question j’admis que c’était le groupe recherché. Intégré, je découvrais des jours après que ça ne l’était pas. Mais engagé, j’y reste. Ensuite, un dimanche, je partis en paroisse et vis un attroupement de jeunes et d’enfants qui chantaient Dieu. Je me suis dit voilà le groupe tant recherché. La représentation que j’avais du groupe n’était pas exacte, car ne l’ayant point connu. C’est pourquoi, il arrive dans le discernement vocationnel qu’on se trompe de chemin. Mais avons-nous le courage de changer de voie sans se culpabiliser ni culpabiliser les autres ? C’est après tous ces escales et l’« accompagnement » que je parvins enfin au groupe de vocation.

En septembre 2009, je rentrais en Année de Spiritualité chez les camilliens. C’est une année de consolidation spirituelle et de découverte du charisme de l’Ordre par la proximité avec les malades. En Octobre 2010, ce fut le début d’une nouvelle année dans l’histoire de l’Institut : le Pré-Noviciat. Une année avant le Noviciat qui plonge encore le candidat dans la vie spirituelle et surtout en réponse à l’année propédeutique chez les diocésains. A la fin, de cette année-là la surprise fut générale : je suis réorienté (avec une certaine ouverture d’un retour possible). Après trois ans d’études et de stages en Transport et Logistique sanctionnés par le BTS en Logistique que j’ai soutenu à Abidjan, je me surprends à formuler une demande de retour chez les camilliens.

Le déclic s’est produit le vendredi saint à l’hôpital Yalgado Ouédraogo où j’étais parti avec une chorale animer la messe pour les malades et avec eux. La veille j’y étais également pour la même cause. L’appel est venu sous la forme d’une remarque et d’une suggestion : eux (les prêtres qui faisaient leur entrée en silence) se sont consacrés et toi ? En fait, j’avais écarté toute idée d’y retourner. J’avais même contacté un certain nombre de congrégations pour voir si elles correspondaient à mes aspirations : les Dominicains, la communauté de saint jean, etc.

En septembre 2014, je regagnais le Pré-Noviciat, mais cette fois-ci avec la bénédiction des parents. En août 2015, je rentrais au Noviciat pour une année canonique coupé de tout, dans les prières, les méditations, les séjours à l’hôpital pour la visite des malades et pour les enseignements de la vie religieuse humaine et spirituelle. En juillet 2016, je quittais de nouveaux la communauté, cette fois-ci ma volonté y était engagée. Mais avant de partir, je fis une semaine des un mois de la retraite ignacienne d’élection. C’est au cours de cette semaine et à l’issue d’une méditation d’un passage du livre d’Isaïe, que je fus ressaisi. Moi qui voulais faire autres études (à ma sortie de l’ordre : la santé), une nouvelle chose naquit dans mon cœur : la vie sacerdotale diocésaine, pourquoi pas. Je n’ai jamais voulu m’engagé sur ce chemin : c’est la dernière chose à laquelle je pensais pour ne pas dire que je n’y pensais même pas.

Je pris contact avec l’évêque de Tenkodogo Monseigneur Prosper KONTIEBO qui m’accueillit dans son diocèse en 2018-2019 pour un stage en paroisse au sortir duquel, il me permit de poursuivre ma formation au Grand Séminaire saint Pierre-saint Paul où je suis actuellement. En effet, j’étais derrière un bureau (comme saint Mathieu) en 2018, après la soutenance de ma Licence Professionnel en Logistique en 2017, quand j’ai reçu la réponse à ma demande pour le stage.

Tout est vraiment grâce et je ne regrette rien de ce que j’ai vécu car je suis convaincu que « la vitesse à laquelle nous courons dans la vie dépend de la vitesse et de la grossière du chien qui nous poursuit ». Aussi, « en chaque difficulté, il y a une opportunité » (Proverbe chinois). A tout moment, le Seigneur nous appelle malgré nos faiblesses. Il cherche des cœurs généreux pour en faire ses ambassadeurs auprès de tant de cœurs blessés et broyés. Il compte sur toi et moi, c’est vrai !

 

KABORE Raphaël

PHILO I